Gestion de l’autonomie en planeur

A la suite de plusieurs incidents liés à la gestion de l’autonomie en planeur, nous voudrions faire quelques rappels. Ces incidents n’ont pas eu de conséquences fâcheuses, mais en aéronautique quand on est obligé de compter sur la chance, il faut se remettre en question.

Voici donc un petit rappel sur l’autonomie ainsi qu’un certain nombre d’aides que nous avons voulu mettre en place.

Extrait du manuel:

L’autonomie d’un engin motorisé est fonction de ses réserves de carburant. Parlant d’un planeur ce terme peut vous sembler curieux. Et pourtant le carburant du planeur c’est tout simplement la hauteur dont il dispose.local_1

L’autonomie sera donc la distance franchissable à partir d’une certaine hauteur, dans des conditions météorologiques données, et en conservant une certaine marge de sécurité pour tenir compte, soit d’une future reprise d’ascendance, soit d’une éventuelle prise de terrain.

Cette autonomie est bien sûr fonction des performances du planeur utilisé, et reste proportionnelle à la finesse. Elle est également fonction du vent. Un vent de face la diminuera, un vent arrière l’augmentera.

Le vol local

Voler en local d’une zone atterrissable, c’est avoir une autonomie qui permette de rejoindre cette zone à tout moment, et en toute sécurité, quelles que soient les conditions de descendance ou de vent rencontrées.

Le volume de vol local est représenté par un cône centré sur le terrain, incliné du côté d’où vient le vent appelé « au vent » de l’aérodrome alors que le côté où va le vent se nomme « sous le vent ».

Pour les vélivoles débutants, il existe une règle simple pour se maintenir en vol local. Elle est applicable au planeur de performances modestes et en l’absence de vent fort.

Eloignement par rapport au terrain = hauteur x 10

Cette finesse de 10 permet une grande marge de sécurité et ne nécessite aucun calcul. Elle tient compte de la hauteur nécessaire à la prise de terrain.

Vous devinez maintenant l’intérêt de la carte avec ses cercles concentriques. (Disponible sur notre site: page téléchargement et plastifiée dans nos biplaces et planeurs de début. Vérifiez qu’elle est bien disponible avant chaque vol).

Abbeville

Ayant repéré votre position, par exemple à 12 km de l’aérodrome, le vol local est assuré si votre hauteur est supérieure à 1200m.

Tenue du local avec le vent

Evitez de trop dériver sous le vent.

En effet l’exploitation d’une ascendance médiocre risque de vous entrainer en dehors du cône de vol local. Alors que cette même ascendance exploitée au vent de l’aérodrome vous ramènerait au dessus des pistes.

Bien évidement si votre hauteur est confortable vous pouvez vous éloigner sous le vent. Mais souvenez vous que votre finesse est sérieusement diminuée pour votre retour au terrain vent de face.

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Cette valeur de 10 peut vous sembler très restrictive. L’expérience montre qu’elle est bien adaptée au maintien du vol local par un pilote débutant même s’il dispose d’un planeur moderne, lors de ses premiers vols solos et en début de saison.

Je voudrais ajouter un exemple sur la tenue du local avec du vent. Imaginez un vent de 36 km/h, vent fort mais courant. La dérive qu’il génère est de 10 m/sec. Donc si vous exploitez une ascendance moyenne de 1 m/sec, vous montez parallèlement au cône de vol local, tout va bien.

local_4Imaginez maintenant être à 3 km, à 400 m, soit 100 m au dessus des limites du cône et que votre ascendance ne soit plus que de 0,5 m/sec, si vous vous concentrez sur le centrage pendant 5 minutes ou 300 sec, vous vous retrouverez à 550 m et 6 km soit très rapidement en dehors du local. Par vent fort, les ascendances sont irrégulières et hachées, il est donc courant que votre vitesse ascensionnelle moyenne ne soit pas très élevée.

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Estimer, à l’aide de la carte, la distance entre un cumulus et le terrain

En vol local vous aurez souvent à résoudre le problème illustré ci-dessous:

local_3Partant d’un cumulus A, est-il possible d’atteindre l’ascendance d’un cumulus B, tout en demeurant dans le cône de vol local?

Avant de quitter A, essayez d’estimer, à l’aide de la carte, la distance entre le cumulus B et le terrain. Attention, cette évaluation est délicate, particulièrement par temps brumeux.

Elle sera facilitée si vous observez l’ombre du nuage plutôt que le nuage lui-même, mais selon la position du soleil, l’ombre ne sera peut-être pas à la verticale du nuage. Connaissant cette distance vous en déduisez la hauteur minimale à laquelle vous devez arriver sous ce cumulus.

(Exemple : le nuage est estimé à 7 km du terrain ; je dois arriver en dessous à 700 m minimum).

La finesse 10 assure une large marge de sécurité pour maintenir le vol local. Mais dans les transitions, la finesse de votre planeur est en générale plus élevée et de l’ordre de 20 à 30 pour un planeur plastique. C’est avec cette valeur que vous estimerez les hauteurs perdues entre les ascendances, et si vous pouvez vous rendre à la prochaine ascendance tout en restant en local.

Exemple:

Si la distance entre A et B est de 6 km, vous perdrez de 200 à 300 m avec une telle machine et de 300 à 400 m avec un planeur de performances plus modestes. Entrainez-vous fréquemment à faire de telles estimations. C’est une façon de procéder que les pilotes de planeurs emploient de manière permanente en vol à voile sur la campagne.

Gestion de priorité :

Dans la plupart des cas d’incidents de sortie de local, ces principes sont connus.

Le plus souvent l’erreur provient d’une mauvaise gestion de priorité.

Pour un pilote, la gestion du local doit être une préoccupation très prioritaire, venant juste après le contrôle du planeur et loin devant la prolongation du vol.

Prise de terrain standard :

Dernière remarque, la tenue du local finesse 10 vous assure assez de sécurité pour réaliser une prise de terrain standard, commencée aux environs de 300 m à 3 km de la piste. Mais si vous arrivez à 300 sur le cône de finesse 10 mais à l’opposé de la zone de perte d’altitude, vous avez encore 6 km à parcourir, soit une perte de hauteur de 300 m à 20 de finesse. Dans ce cas il devient tout à fait impossible d’effectuer une prise de terrain standard.

N’oubliez pas qu’une prise de terrain basse, ou non standard, est une erreur, mais la gérer de façon intelligente constituera une circonstance atténuante.

Donc, il vaut mieux réaliser une prise de terrain non standard, que de persister dans l’erreur et d’aller rechercher la trajectoire habituelle quand vous n’avez manifestement plus la hauteur pour l’exécuter.

En espérant que ces quelques rappels vous aideront à gérer l’autonomie de votre planeur. N’hésitez pas à réagir et commenter.

Les instructeurs vol à voile d’Abbeville.